« Retour à la liste des photographies
L'ascension du Pic d'Ardiden, depuis la piste qui mène aux lacs éponymes, est une aventure au sens plein. Au-delà des 1650 m de dénivelé, c'est l'incroyable sentiment de gravir une entité imprenable qui s'empare du marcheur éprouvé, de s'approcher d'une divinité secrète protégée par des millions de blocs granitiques empilés les uns sur les autres dans un indescriptible chaos. La progression est lente, la concentration totale, la détermination mise à l'épreuve.
Le pic d'Ardiden est un grand Seigneur qu'il faut saluer avec l'humilité requise. Parvenu à son faîte après plus de 5 heures d'une marche corrosive, la générosité de ce massif oublié des hommes est entière et livre le grand poème pyrénéen, la vaste et authentique signature de ce monde des hauteurs. Ici, nous sentons vibrer les Pyrénées comme jamais, comme si la totalité des lignes de forces telluriques se concentraient là, sur cet éperon tendu vers le ciel comme une hallebarde. Et pourtant, au coeur de cette démesure granitique, nous éprouvons une tranquillité sans pareille. L'Ardiden, ni trop près, ni trop loin de tous ces pics alentours est la figure montagnarde la plus sensible et la plus accomplie de ce qu'Aristote appelait "le juste milieu". C'est là que nous nous tenons, justement, au milieu des choses, au milieu de la réalité.
De gauche à droite, le Vignemale, les lacs d'Estibe Aute, le Garmo negro, les Pic d'Enfer, la Fache, le Cambales, le Balaitous, le Palas et le passage dans ce ciel azuréen d'un vautour fauve.
(à Pierrette)