Semaine du 13 au 19 janvier :
> des températures plus froides, un bilan radiatif variable en fonction de l'humidité
> un temps très calme
Prévisions pour la semaine du 20 au 26 janvier :
> Retour progressif de l'influence atlantique
> Des pluies faibles à modérées, parfois fortes
> Des risques venteux en fin de semaine
Retour sur la semaine 3, du 13 au 19 janvier 2025 :
Hors journée de dimanche non encore terminée, le 13 janvier a connu les Tx les plus basses (+4.61°C, soit une anomalie de -4.59°C par rapport à 1991-2020) de la semaine et pour les Tn (ITN = -4.64°C, soit une anomalie de -7.14°C en comparaison de la norme 1991-2020) ce fut le lendemain 14 janvier. Par rapport à 1961-1990, l'anomalie n'est plus que de -2.29°C sur les Tx, de -5.24°C sur les Tn.
Avec relativement des anomalies sur les Tn plus basses que sur les Tx, la nébulosité nocturne a été moins omniprésente que les semaines précédentes.
Sur les Tm, le 14 a enregistré une anomalie de -5.52°C (1991-2020), de -3.42°C (1961-1990).
Les précipitations ont été quasi absentes, à l'exception du Roussillon et surtout de la Corse durant le week-end qui s'achève où + de 50 mm ont été relevés sur le centre et le sud de l'île principalement.
La nuit du 13 au 14 offrit un ciel dégagé sur la plupart des régions. Des cirrus ont transité des Pays de Loire à l'a Bretagne et aux Hauts de France (bleu foncé ci-dessous), des nuages glacés plus épais étaient encore présents vers les frontières allemandes et la pointe bretonne et quelques bancs à l'étage moyen survolaient la Méditerranée, entre Corse et Baléares.
Au-dessus de la couche d'inversion, l'air est très sec. Sur le RS de Brest (ID = 07110), l'humidité plus présente entre 500 et 400 hPa et autour de 350 hPa génèrent les nuages observés à l'étage supérieur. Le RS Trappes (ID = 07145) révèle une colonne très sèche.
La surface, rosé, indique un air plutôt sec, surtout au sud. L'air est un peu plus humide sur la moitié nord, sans atteindre la saturation excepté localement (rose tirant vers le violacé).
Les conditions en surface comme en altitude sont anticycloniques, de 1040 hPa près des frontières du nord à 1030 hPa près de la Méditerranée. La hauteur du géopotentiel, du nord-ouest au sud-est, s'établit de 582 à 564 dam tandis que les T500 évoluent de - 18 à -24°C selon la même orientation.
Ce gradient de pression entraîne un vent faible de secteur est dominant, inhibant l'influence de l'Atlantique.
Quatre jours après, le brouillard et/ou les stratus (gris verdâtre) se sont installés sur la majeure partie de la moitié nord ; les températures ne baissent plus autant. Aucun nuage n'est décelable au-dessus depuis le satellite, l'air y est toujours aussi sec. Au sud, la part du rayonnement thermique s'échappant dans l'espace se maintient, contribuant à abaisser les températures nocturnes.
Le rayonnement thermique, depuis la Terre vers l'espace, est ainsi moins réémis vers le sol en raison de l'absence de nuages. Une part reste néanmoins réémis dans toutes les directions par la vapeur d'eau et certains aérosols.
Un autre moyen d'estimer la baisse des températures et ses localisations par les simulations numériques est de consulter le bilan radiatif à la surface. La nuit, le rayonnement solaire est absent (le rayonnement éventuellement réémis par la Lune est négligeable). Le rayonnement thermique issu de la Terre devient le principal pourvoyeur. Ce rayonnement grandes ondes (thermal radiation, principalement IR) comme le rayonnement solaire ondes courtes (solar radiation, VIS et UV) sont calculés par les modèles.
AROME fournit le bilan du rayonnement thermique (il le fait aussi pour le solaire) en surface, c'est-à-dire l'ensemble du rayonnement émis et absorbé : émis par la surface, la fraction réémise par les aérosols et la vapeur d'eau, les nuages et réabsorbés par le sol et le rayonnement IR de l'espace atteignant la surface (après réémissions successives éventuelles). L'unité est le W/m2.
Enfin, la température du sol a aussi son importance puisque plus il sera chaud, plus il a émettre.
D'autres champs peuvent aider. La consultation du champ de chaleur sensible, qui mesure le transfère de chaleur entre deux corps isolés (le sol et atmosphère) sans changement d'état, sinon c'est la chaleur latente, peut être une alternative. La TKE, entrevue dans un précédent bulletin fournit un aperçu du brassage potentiel près du sol.
Cette semaine a donc été essentiellement très anticyclonique, lui conférant cet aspect calme et froid en plaine. La NAO a été légèrement négative, le gradient de pression est peu marqué entre l'Islande et les Açores/le Portugal. En guise d'illustration, la moyenne sur la semaine des pressions réduites au niveau de la mer selon les analyses de GFS, cycles 0 et 12z :
À échelle synoptique, la prévision s'est réalisée.
Il a en effet beaucoup plu de l'Écosse à la Norvège et sur le nord du Maghreb.
Le risque pluvieux en Corse en seconde partie de semaine s'est confirmé avec des cumuls de 40 à 60 mm sur les versants orientaux, jusqu'à une centaine de mm à l'estimation radar.
Sur le Roussillon, plus en marge, quelques millimètres, jusqu'à localement une quinzaine, ont été mesurés, en majorité près de la frontière espagnole.
Le vent est demeuré faible, sans surprise. Seul le secteur entre la Provence et la Corse ont subit quelques rafales (+ de 90 km/h à l'île du Levant, 75 km/h à l'île Rousse par exemple) en seconde moitié de semaine.
Sur le plan des températures, on a bien eu de fortes gelées. L'air de la mer du Nord s'est effectivement introduit sur le nord du pays en fin de semaine, limitant la baisse nocturne des températures, contrairement au sud-ouest qui a ainsi connu des gelées plus durablement. Cependant, la prévision manquait un peu de précisions.
Prévisions
Aujourd'hui, l'image satellite vapeur d'eau associée à l'analyse Z500 (cyan), advection de vorticité cyclonique (CVA, rouge), gradient de vorticité cyclonique (orange, annotation personnelle) permet de visulaiser les principaux éléments atmosphériques :
> A et B : deux crêtes d'altitude ;
> 1, 2, 3, 4 : quatre creux d'altitude.
Les zones sombres marquent les intrusions d'air stratosphérique sec (anomalies négatives de tropopause / niveau PVU 1.5 bas en altitude).
- En 1, les gradients (Z et WV) sont lâches, il est probable que le creux soit en cours de dissipation. Au sud, à la frontière tunisie-algérie-libye, les gradients se resserrent avec une CVA : sans doute un creux d'altitude et de surface se maintiendrait en direction du sud de l'Italie, de la mer ionienne puis des Balkans.
- En 2, les gradients sont nettement plus forts. Une baroclinie est présente à son sud (maximum des gradients de Z, WV et vorticité [orange]). De fortes advections de températures, négative et positive, y sont aussi associées. Sa trajectoire s'oriente vers l'ESE.
- En 3, on a également un gradient relatif de vorticité accompagnant un gradient WV et de la CVA. 3 devrait se décaler vers l'est.
- En 4, des gradients plus vifs sont présents sur le flanc est. Le minimum d'altitude se creuserait tout en se déplaçant vers l'est. Il est accompagné par une advection humide conséquente (couleurs claires).
On retrouve donc des accélérations du jet au sud de 2, à l'est de 3 et 4 et entre 1 et A, sur l'ouest des Balkans.
Les advections de 1, 3 et 4 tendent à affaiblir le flanc amont de A. Le Z baisserait donc en amont.
B s'accompagne d'une forte advection chaude et humide (couleurs très claires en provenance du golfe du Mexique. La dorsale se renforcerait.
> Globalement, la semaine se déroulerait sous l'influence d'un courant de SW à W selon les moments, c'est-à-dire avec une forte composante océanique.
Lundi :
En lien avec 1, il pleuvra encore sur la Corse et l'est de PACA. Une ligne de convergence peut générer une ligne d'averses près des côtes. La neige tomberait au-dessus de 1000 à 1500 m sur les Alpes du sud. Le vent de sud-est, à l'avant de 4, humidifiera le Languedoc et de petites pluies tomberont sur les Cévennes, de façon plus disparates sur les plaines littorales.
L'approche de 4 apporterait aussi quelques pluies sur l'Aquitaine.
Un redoux s'opère par le sud alors que le nord du pays conservera des Tx froides, parfois sous la barre du 0.
Mardi :
Le vent de sud-est serait sensible sans être fort sur l'ensemble du pays, à l'avant d'une dépression sur le golfe de Gascogne, issue de 1. Il pleuvrait ainsi sans excès autour de la Grande Bleue, Cévennes incluses. Cependant, suivant le timing d'avancée du thalweg atlantique, les pluies pourraient s'intensifier en fin d'après-midi ou nuit.
De plus, le secteur chaud de la dépression aborderait le sud-ouest, amenant des pluies à priori faibles dans un premier temps.
Le redoux progresserait vers le nord.
Mercredi :
La lente progression vers l'est prévue du thalweg devrait permettre au front froid d'advecter en aval un courant très humide. Les pluies seraient significatives sur une moitié nord-ouest du pays.
EN parallèle et de façon classique, un creusement de surface s'effectuerait sur le golfe du Lion favorisant là aussi des pluies sur le sud-est.
Si on ne peut exclure quelques gelées près des frontières de l'est, le redoux gagnera en cours de journée l'ensemble du pays.
Jeudi :
Les pluies s'évacueraient par les frontières de l'est. Un faible thalweg intéresserait l'Angleterre, impactant marginalement le nord-ouest.
Un risque venteux s'organise à partir de la nuit de jeudi à vendredi. Une dépression hivernale synoptique particulièrement creuse est en effet simulée par la plupart des modèles. S'il existe encore de très nombreuses incertitudes sur sa trajectoire et son intensité, il convient d'être vigilant et de s'informer de l'évolution de ce risque. Actuellement, ce risque concerne majoritairement les îles britanniques.
Le niveau des températures dépendra de la configuration finale ci-dessus.
Vendredi, samedi, dimanche :
Dans un contexte océanique, plusieurs perturbations plus ou moins actives affecteront le pays.
Il n'est pas exclu qu'un second risque venteux ne s'affiche dimanche.
Les températures se maintiendraient douces.