- Semaine du 3 au 9 février : un voyage en hémisphère sud
> Une mousson diluvienne sur le Queensland où des records absolus ont été pulvérisés
> Une mousson la plus tardive sur une partie des Territoires du nord où des records de chaleur sont battus
> Des cyclones tropicaux sur l'océan Indien, de la convection diurne sur le sud-est de l'Afrique.
> Retour en France pour un rapide compte-rendu
- Prévisions semaine du 10 au 16 février :
> Situation générale
> Évolutions : des gouttes froides entre hauts géopotentiels scandinaves et méditerranéens
> Prévisions : un temps contrasté et peu prévisible.
Semaine du 3 au 9 février : un voyage en hémisphère sud
De fortes pluies se sont abattues sur l'ouest du Queensland (Australie) depuis le 27 janvier jusqu'au 5 février et principalement entre le 1er et 5 février.
Il s'agit typiquement d'un épisode de mousson affectant habituellement le nord de l'Australie lors de chaque saison estivale. Cet épisode fut particulièrement intense sur la bordure nord-est.
De nombreux postes de mesure de ce secteur ont connu des cumuls hebdomadaire supérieurs à 700 mm. Le poste de Macknade Sugar Mill a mesuré 1882 mm entre le 27 janvier et le 5 février inclus dont 525 mm sur la seule journée du 3. Il s'agit d'un record absolu sur une période glissante de 10 jours.
Entre le 1er et 5 février, c'est pas moins de 1430 mm qui ont été comptabilisés à cette station, pulvérisant en seulement 5 jours le précédent record mensuel de 1181 mm pour une station ouverte en 1890 !
En 2019, dernier évènement d'ampleur sur la région, près de 1280 mm étaient tombés là aussi entre 27 janvier et le 4 février.
En remontant plus loin dans le temps, c'était plus de 1260 mm qui étaient tombés entre le 12 et le 17 janvier 1981. Cette année 2025 a donc fait encore mieux en 5 jours également.
Sur 24h, la station de Cardwell Range a enregistré 626 mm ce même 3 février.
De nombreux alertes ont été émises par le Bureau australien (BOM) et des inondations majeures ont été observées. Le barrage de Burdekin Falls dépasse les 200% à 206% de sa capacité (max historique : 221%).
Une grande partie de l'Indonésie a également connu des pluies diluviennes, tout comme l'ouest des Territoires du nord (Australie) dans une moindre mesure.
Vers la climatologie de la station.
Ces pluies intenses ont été favorisées par la MJO et si elles ont diminué ensuite, elles restent encore au-dessus de la moyenne sur la suite de la semaine. À gauche ci-dessous sont les impacts sur les quantités hebdomadaires de pluies selon les phases de la MJO. À droite est la MJO analysée sur les quarante derniers jours. Contrairement à son influence différée en Europe, la MJO est (quasi) directe sur le nord de l'Australie.
Le BOM souligne d'ailleurs que la mousson n'est pas encore parvenue sur l'ouest des Territoires du nord. L'aéroport de Darwin a ainsi enregistré ce même 3 février, dans des conditions extrêmement sèches, une température minimale de 30°C, record mensuel absolu et deuxième valeur tout mois confondu. La station a 85 ans de relevés.
L'Institut rapporte qu'il s'agira de l'arrivée de la mousson la plus tardive jamais enregistré sur le secteur puisque, depuis 1957, la date la plus avancée était le 25 janvier 1973.
Les eaux des océans Pacifique et Indien proches du Queensland et de l'Indonésie sont anormalement chaudes. L'humidité disponible est donc plus importante (évaporation des couches supérieures de l'océan) et offre une énergie supérieure pour peu que la synoptique soit favorable. Ce qui fut donc le cas.
L'été, l'intérieur du vaste continent australien se réchauffe plus rapidement que l'océan. L'air s'élève et une dépression thermique se forme. Un vent d'ouest se produit sur les côtes nord du pays et s'oriente au nord-est à est sur la façade orientale. Ce vent se charge en humidité sur les eaux chaudes.
En ce début février, une zone de convergence (cercle brun clignotant) synoptique s'établit sur l'ouest du Queensland, concentrant l'humidité et, par conséquent, les pluies grâce aux ascendances générées.
Ci-dessous les fonctions de courant du vent à environ 1000 m analysées par le BOM pour les 2 et 3 février à 12h UTC :
Les cartes isobariques classiques sont moins pertinentes en zone tropicale en raison du faible gradient de pression en général. L'usage des cartes de fonctions de courant se révèle plus utile. Sur l'animation isobarique classique d'analyses numériques, la ligne bleue alternant pointillés courts et longs montre le front de mousson.
On peut aussi noter que La Nina conduit à un excédent de précipitations, contrairement à El Nino. Ce début d'année est caractérisé par des conditions faiblement La Nina (entre -0.5 et -0.8°C sur Nino-3.4).
La MJO a un impact important sur la mousson principalement si ses phases 5, 6 et 7 sont fortes (cf cartes plus haut).
Régions sensibles à La Nina (à gauche), à la MJO (à droite) :
Sur l'animation satellitaire de l'Australie ci-dessus, on peut voir au large nord-ouest de l'Australie et au sud de Java une convection particulièrement active. Il s'agit du cyclone Taliah, en catégorie 3. Un autre cyclone circulant dans l'océan Indien, plus à l'ouest et hors du domaine de cette image, se nomme Vince.
Ce 8 février, Vince, en catégorie 3, avance plein ouest vers les îles Maurice et de La Réunion. Fort heureusement, il devrait prendre une trajectoire sud, tout comme Taliah et épargner les deux îles (cercle brun).
L'animation met en évidence la puissance de la convection (du rouge au jaune vif). On aperçoit de plus la convection diurne se mettre en place sur Madagascar, l'archipel des Comores, le Mozambique et l'ouest de la Tanzanie. Cette convection est plus gobalement active sur le sud de l'Afrique centrale et de l'est. Le « zoom » s'effectue sur les pays bordant les Grands Lacs (Tanganyika, Victoria, ...).
Retour en France, pour un récapitulatif de la semaine.
La semaine (hormis dimanche puisque ce bulletin est publié exceptionnellement samedi) est caractérisée :
- par des minimales s'élevant progressivement par le nord-ouest, en lien avec une régression des conditions anticycloniques calmes vers le sud et une influence maritime se renforçant par le nord-ouest. Les gelées encore parfois fortes en début de semaine ce sont par la suite concentrées du sud-ouest au centre-est jusqu'à l'arrière-pays provençal ;
- par des maximales plus contrastées. Des journées sans dégel sont observées sur certains postes du nord-est en début de semaine alors que la douceur gagnait les trois-quart du pays. À partir de jeudi, les maximales redescendaient par le nord et le nord-ouest, matérialisant un courant en provenance du sud de la Scandinavie ;
- les précipitations furent absentes jusqu'à vendredi où elles concernèrent les régions s'étendant de l'Aquitaine à la Normandie. Le sud du Massif central connaît à partir de cette date un épisode pluvio-neigeux, avec une limite-pluie-neige s'abaissant vers 600-800 m. Les crêtes supportent plusieurs dizaines de cm. De la neige est également tombée sur l'est des Pyrénées, jusqu'à parfois 400 à 600 m d'altitude ;
- l'ensoleillement fut globalement généreux durant les 4 premiers jours de la semaine, surtout sur la moitié sud. Certains secteurs de la moitié nord ont pu connaître des nuages bas tenaces. Vendredi et samedi ont subi une couverture nuageuse généralisée laissant très peu apparaître le Soleil.
Rappel des prévisions du précédent bulletin pour la semaine qui s'achève :
Lundi et mardi :
En plaines, les gelées matinales seront quasi généralisées, localement fortes. Seules les bordures maritimes et océaniques seraient épargnées. L'après-midi, les températures remonteront, surtout au sud où l'air sera plus sec. Sur la moitié nord, brouillards et stratus feront vraisemblablement de la résistance, surtout avec l'humidité des sols et la lente décrue actuelle. Dans ce cas, le mercure seraient faiblement positif, voire très localement sous le zéro.
Les pluies seraient absentes.
Le vent continuerait à être faible ou calme. Avec un anticyclone sur le nord du pays, un vent de terre à peine sensible se maintiendrait sur le golfe du Lion.
Mercredi :
Une perturbation atténuée aborderait la Bretagne et le Cotentin. Peut-être apportera-t-elle quelques ondées, plus sûrement des nuages.
Jeudi et vendredi :
Un temps calme régnera sur la majeure partie du pays.
Des nuages plus épais et des précipitations pourront arriver par l'Allemagne. Sur le sud-est, un risque se révèle d'un temps se dégradant progressivement de façon plus tranché, avec des pluies et de la neige à basses altitude. Il se peut aussi que Mistral et Tramontane soufflent modérément.
Les températures s'élèveraient de quelques degrés.
Le vent serait faible de NE dominant, peut-être un peu plus fort en Manche et en Méditerranée où les gradients de pression sont vus plus resserrés.
Samedi et dimanche :
Le temps est très incertain, la prévisibilité est mauvaise. La probabilité la plus haute est la poursuite d'un temps perturbé sur une partie sud-est du pays plus ou moins grande. Ailleurs, il est possible que des averses plus ou moins fortes s'organisent, plus particulièrement sur une moitié est ou nord-est.
Les gelées pourront être encore présentes, peut-être fortes sur certains secteurs déventées sous un ciel clair. Elles seront probablement plus élevées sur le sud-est.
Les valeurs de l'après-midi dépendront de l'ennuagement et des éventuelles précipitations.
Prévisions semaine du 10 au 16 février
Une semaine probablement contrastée, selon les jours et suivant les régions.
Situation générale en entrée :
Évolutions à H72 :
L'air subtropical atlantique, à l'instar de la semaine précédente, prendrait le chemin du nord de l'Atlantique, entre Islande et Norvège. Les conditions seront ainsi fortement anticycloniques sur la moitié nord de l'Europe (régime BL+ marqué). Il est probable que cet air chaud et sec d'altitude continue de migrer sur la Scandinavie.
Plus au sud, des gouttes froides circulent avec des trajectoires plus ou moins méridionales. Sur la France, le courant serait orienté à l'W ou au SW, apportant de l'humidité océanique.
En Méditerranée, les hauts géopotentiels demeurent.
Évolutions numériques au-delà de H72 :
Jusqu'à H120 (jeudi), l'écoulement se maintiendrait peu ou prou à l'W / SW, toujours océanique. Ensuite, il est possible que celui-ci s'oriente temporairement au N. L'Europe centrale le serait plus sûrement, l'Europe occidentale serait en marge, sinon via un flux océanique dégradé par un passage nordique. La journée de dimanche pourrait voir le vent basculer au sud.
Prévisions :
Des pluies modérées lundi, avec une possible poursuite de l'accalmie sur le sud-est. Elles affecteraient un tiers sud-est mardi. Elles régresseraient mercredi sur le sud-est.
Dès mercredi, la prévisibilité est mauvaise en raison de la trajectoire changeante des gouttes froides. Des pluies peuvent donc se manifester sur la moitié nord.
Il ne devrait pas y avoir de grosses pluies durant la semaine mais des conditions changeantes, tantôt de belles éclaircies, tantôt des pluies et/ou averses dont la nature liquide ou solide pourra se discuter ultérieurement.
Les températures observeraient un gradient prononcé entre la moitié nord, souvent rafraîchie, parfois froide, et la moitié sud davantage dans la douceur. Cependant, là aussi, de forts contrastes d'un jour à l'autre sont possibles.
Aucune tempête n'est anticipable sur la semaine pour le moment, le contexte synoptique ne s'y prêtant pas.