Au sommaire :

- Retour sur la semaine du 5 au 11 mai 2025 :
> Les températures entre influence continentale et maritime et leurs évolutions
> Les précipitations à l'avant d'une dégradation orageuse
> L'orientation synoptique depuis un courant d'est à un courant de sud, prémisse aux orages du week-end
> Les orages dominicaux vus de l'espace

- Situation générale et évolutions :
> Une activité dépressionnaire temporaire à proximité du continent et grand calme sur l'ouest de l'atlantique
> Un rapide retour du blocage britannique et comblement progressif du thalweg du golfe de Gascogne

- Prévisions  pour la semaine du 12 au 18 mai 2025 :
> Affaiblissement des orages
> Retour au calme, frais le matin, doux l'après-midi
> Un possible épisode d'intempéries sur l'extrême sud-est.

Semaine du 5 au 11 mai 2025

Les températures minimales sont restées fraîches, même froides près des frontières du nord et de l'est où de faibles gelées locales se sont produites. Elles régressent toutefois en direction des frontières allemandes, italiennes et espagnoles. Elles illustrent parallèlement l'influence de l'océan ou de la mer dans des conditions très calmes de printemps. Il aura fallu l'arivée d'une perturbation atlantique accompagnée d'air d'origine subtropicale pour qu'elles remontent par l'ouest durant le week-end.

Les maximales ont encore été fraîches en début de semaine près de la Manche et de la mer du Nord. Elles ont été partout à la hausse durant la semaine. Les amplitudes thermiques diurnes ont ainsi pu être fortes. Seule l'après-midi de dimanche, sous les nuages et les averses parfois orageuses, a connu une baisse.
Le pourtour méditerranéen, sous l'influence directe de la mer encore fraîche, a basculé des stations les plus douces vers les stations les plus fraîches durant la semaine.

Les précipitations ont été faibles ou inexistantes en première partie de semaine, réservées aux massifs du sud et de l'est sous forme d'averses et d'orages.
À compter de vendredi, des averses se sont déclenchées sur la moitié ouest, à l'avant d'un front pluvio-orageux. Samedi, la façade atlantique est directement exposée à cette perturbation remontant d'Espagne.
35,2 mm ont été mesurés à Lanvéoc-Poulmic (MF, 29), 27,2 mm à Nonaville (StatIC, 16), 25,4 mm à Sainte-Bazeille (StatIC, 47) et à AICIRITS (MF, 64), 19,6 mm à La Noé Blanche (MF, 35), 14 mm à Saintes (MF, 17).

Le mercredi 7, la sitaution demeurait simple :
De l'air chaud remonte des Açores vers l'Irlande, formant une dorsale. À l'inverse, de l'air frais circule depuis la Finlande vers le nord de l'Espagne, formant un thalweg. En surface, un anticyclone de blocage subsiste des Açores à la Suède, bloquant l'influence océanique. Une dépression relative se positionne entre Alpes et Italie du nord. Un temps calme, souvent plus nuageux au sud qu'au nord, en est la résultante.

Pour le week-end, l'écoulement s'oriente progressivement au sud, apportant chaleur et humidité, d'abord par le sud et l'ouest, gagnant progressivement le nord-est.

Les analyses numériques (H0) et les observations montraient les advections positives (à tendance anticyclonique) et négatives (à tendance cyclonique) de vorticité et de température.
Il était ainsi prévisible d'une part que la dépression italienne responsable des évolutions orageuses sur le sud-est s'évacuerait vers la Grèce et que d'autre part le thalweg continental nous concernant plus largement s'isolerait vers l'Espagne.
L'écoulement de zonal inversé (E > W) s'orienterait alors méridionalement (S > N), amenant un risque orageux, d'autant plus favorable que l'advection chaude en basses couches est importante, l'air froid en altitude augmentant le gradient vertical (jusqu'à 7 à 8°C/km en moyenne troposphère).
L'arrivée d'un front froid apportait un forçage supplémentaire, notamment dans les basses couches, soulevant les parcelles d'air.

Les cartes sont à agrandir. À gauche, les advections différentielles de vorticité entre les niveaux 700 et 300 hPa. La valeur absolue de vorticité tendant à augmenter avec l'altitude avec un maximum vers la tropopause, une valeur négative (positive) de cette différence indique un apport de vorticité anticyclonique (cyclonique) sur une large partie de la colonne troposphérique ;
à droite, l'advection différentielle de température entre les niveaux 500 et 1000 hPa. L'apport d'air chaud (froid) tend à dilater (compresser) la masse d'air et donc à élever (baisser) la hauteur du géopotentiel.
Les deux advections, en ignorant d'autres processus de moindre grandeur, peuvent se superposer ou s'amoindrir.

Les RS de Bordeaux et Nîmes restent favorables et montrent une advection plus sèches en moyenne troposphère, boostant une éventuelle convection (changement de phase de l'eau accéléré par la relative sécheresse de l'eau).

Ce dimanche au petit matin, l'observation notait déjà un point de rosée élevé sur l'ouest et près du golfe du Lion. L'humidité, carburant pour les orages, était bien en place.

Sur cette journée de dimanche, l'évolution orageuse a été manifeste dès le début de matinée, avant de marquer une pause et de reprendre de façon plus dispersée et généralisée dans le courant de l'après-midi.

Les images satellites « RGB Clouds phases » illustrent cette situation. Schématiquement, ces images témoignent de la phase (liquide ou solide) de l'eau formant les nuages et de la taille des gouttes ou des cristaux. L'épaisseur, l'altitude et l'évolution des nuages peuvent alors être déduits.
 
En fin de nuit et début de matinée, une virulente convection évolue sur le golfe du Lion. Le Soleil est encore relativement bas et offre une ombre portée. La couleur bleutée indique des cristaux de glace, typiques des sommets des Cb. L'image satellite « RGB Convection », non montrée, confirme la présence de deux noyaux fortement convectifs.
D'intenses précipitations se sont abattus en mer tandis que des cumuls supérieurs à 50 mm, plus en marge du système, sont estimés sur le sud des Pyrénées-Orientales (des débordements de cours d'eau sont signalés).
Des orages moins organisés éclatent au même moment sur l'ouest du Massif central (bleuté) ainsi que près du littoral atlantique (bleuté). D'autres averses, potentiellement orageuses, se développent probablement, dans les secteurs voilacés entre Massif central et Pyrénées, la couleur pouvant s'interpréter comme une évolution de la taille des gouttes liquides (grosses gouttes surfondues s'élevant en altitude avec solidification progressive), confirmée par l'image « RGB Microphysics ».
Des cellules plus importantes sont visibles sur le golfe de Gascogne. Ailleurs, les nuages jaunes signalent des nuages liquides intermédiaires, très probablement des amas ou bancs de cumulus plus ou moins gonflés principalement près des Vosges et du Jura ou encore du Morvan. Certains s'individualisent à l'image et quelques averses faibles et localisées sont détectées, probablement là encore sous les nuages légèrement violacées, plus matures que les autres. Cette petite activité est sans doute en lien avec le passage d'une petite anomalie de tropopause et sa divergence associée de haute altitude.

En fin de matinée, le système méditerranéen s'est scindé mais reste encore actif. Les deux sommets aux courants ascendants apparaissent bleu clair (cristaux de glace encore de petites tailes), l'un au large, le plus fort, le second longeant les côtes languedociennes, côté mer. Leur panache/enclume s'étirent en gros cristaux (bleu foncé).
L'arrivée d'air plus frais en basses couches freine l'évolution convective. Les cellules sur le Massif central faiblissent, quelques unes se maintiennent sur le sud de Midi-Pyrénées et de l'Aquitaine. Sur le nord-est, elle s'essouffle complètement, le forçage de haute altitude franchissant le Rhin.

En début d'après-midi, le système méditerranéen s'affaiblit en entrant dans les terres, les « gros » cristaux ne trompant pas l'interprétation soutenue par l'image « Convection RGB ». Les pluies tombent sur la basse vallée du Rhône et l'extrême ouest de la Provence. Quelques averses parfois orageuses circulent des Pyrénées au sud de la Normandie et la Bretagne sans virulence manifeste, peut-être sont-elles plus actives sur le Finistère, relayées par le radar (bleu plus vif et cumulus violacés mieux organisés).

En fin d'après-midi, le système méditerranéen s'est vidé laissant un voile de cirrus spissatus de plus en pls fin (bleu transparent). De nouvelles cellules naissent sur le Roussillon et montrent une certaine vivacité. Le radar indique d'importantes précipitations.
 Les averses, parfois accompagnées de tonnerres, occupent désormais les côtes nord de la Bretagne et de la Normandie tandis que les cumulus se multiplient du Pas de Calais à la Champagne. Quelques tours convectives s'épanouïssent du côté de l'ïle de France et de la Bourgogne.
 
 En début de soirée, la convection sur le Roussillon gagne en intensité et traverse dorénavant le Languedoc. Un axe orageux, progressant avec la remontée de la dépression sur la Bretagne, s'allonge en gros de la Baie de Somme au Lac Léman avec localement des intensités soutenues.

Situation générale et évolutions

En orange et rouge, les principales zones de vorticité cyclonique, en jaune ce sont les plus fortes advections thermiques positives et en noir est la hauteur du géopotentiel, les trois au niveau 500 hPa. Les données sont fournies par l'analyse (H0) de GFS de 12z. En fond est l'image satellite MSG Vapeur d'eau (6,2µm).

Le blocage britannique a bien disparu comme prévu par l'analyse ci-dessus. Les hauts géopotentiels survolent les pays de la Libye à la mer du Nord.
Un thalweg partiellement isolé de modeste longueur d'onde est sur le golfe de Gascogne. Le vent en altitude est diffluent avec quelques noyaux de divergence. Une limite basse de tropopause s'étend le long de l'arc atlantique jusque sur le nord de l'Espagne accélérant localement le Jet (zone sombre, sèche, sur l(image satellite).
La branche principale du Jet est plus au sud, des Canaries et du Maroc à l'Algérie et à la Tunisie.
La vorticité est présente dans ce fond de thalweg, et en suivant le vent grâce aux isohypses du Z500, ce noyau de bas géopotentiels (BG) se déplacerait peu vers le nord-est (Bretagne à Vendée). Il y a peu d'apports de tourbillon cyclonique depuis le thalweg principal (islandais). L'état actuel d'islement du noyau de BG perdurerait dans ce cas, voire s'intensifierait ces deux-trois prochains jours sans changer de place.
Il y a peu d'activité sur l'océan. L'anomalie au large de Terre-Neuve devrait prendre une trajectoire nord-sud (vorticité dans l'axe de l'écoulement méridien) et donc ne pas interagir, pour ces prchains jours, avec les BG nous concernant.
En revanche, le nord-est de l'Afrique serait exposé à des précipitations importantes avec un apport d'air frais et cyclonique en altitude alimenté par de l'air doux et humide issu de l'Atlantique entre Cap-Vert et Canaries. Les cumuls pourraient être significatifs ces prochains jours du Maroc à la Tunisie, Sahara algérien compris.
La vorticité anticyclonique fortement ancrée sur l'océan présage d'une nouvelle accentualtion du champ de pression avec probablement le comblement de la GF.

En seconde moitié de semaine, les simulations numériques optent en effet pour un retour rapide du blocage britannique. La circulation d'ouest est rejetée à la fois au nord vers la Scandinavie, au sud vers l'Afrique du nord. La sécheresse sur le nord de la France serait ainsi que temporairement limitée par les orages du week-end précédent.
Une advection d'air froid s'effectuerait alors vers les Balkans et la Méditerranée centrale. C'est une situation qui peut conduire à un retour d'est actif sur nos régions du sud-est, une fois l'air froid abordant l'Adriatique.

Prévisions ppour la semaine du 12 au 18 mai

Lundi :

Des pluies tombent de la Bourgogne aux nord des Alpes et à l'est du Massif central, avec des orages possibles sur les reliefs.
Des averses sont également anticipées sur PACA en matinée, et toute la journée du sud des Alpes à la Corse. Le retour d'occlusion favorisera des averses soutenus sur la Bretagne et les Pays de Loire. Un peu de vent est à considérer sur le quadrant sud.
Les minimales seront encore assez fraîches et les maximales s'élèveront peu sous les nuages et les averses.

Mardi :

Une nouvelle salve pluvio-instable s'étendrait des Pyrénées à la Bretagne, en lien avec la GF sur le golfe de Gascogne. Des averses sont attendues de la Bourgogne aux Alpes.
Plus frais au petit matin, il fera en revanche plus doux en journée, seuls bémols sur l'arc atantique et de la Bourgogne aux Alpes en raison des nuages bourgeonnants.

Mercredi :

Dernière salve orageuse d'envergure sur le pays, toujours en lien avec la GF vieillissante. Les régions de la moitié sud et de la moitié ouest sont les plus exposées, les quart nord et nord-est semblent à l'abri.
Si les minimales seraient encore basses pour la saison, la journée se déroulerait avec un mercure supérieur aux 20°C partout.

Jeudi :

Retour d'un temps calme, avec le comblement de la GF et le renouveau du blocage britannique. Des orages sont encore possibles sur les Pyrénées et les Alpes, plus marginalement (?) sur le sud du Massif central.
Le mercure continuerait sa progression, avec probablement des valeurs dépassant les 25°C sur le sud-ouest et la basse vallée du Rhône, tandis que les côtes de la Manche, soumises à un vent d'est à nord-est (blocage britannique) pourraient peiner à trouver des conditions douces.

Vendredi :

Temps calme en général. Toutefois, il faut surveiller la tournure de la configuration sur l'Europe du sud. Selon le cas, une dégradation orageuse est envisageable sur PACA et la Corse. Si cela se confirme, le vent pourrait être de la partie, d'est sur PACA et les Alpes (Lombarde), Tramontane sur Lion.
Peu d'évolution sont à attendre sur le plan thermique. Il pourrait faire plus frais des Alpes à la Provence à la Corse.

Samedi et dimanche :

Temps calme général. Là aussi, l'extrême sud-est peut être soumis à des intempéries.
La douceur persisterait.

Note : quelques coquilles ont été corrigées le 12 mai : orthographe, mots ou lettres manquants, noms mal orthographiés.