Au sommaire :
> Retour sur la semaine du 12 au 18 mai 2025 :
- Des orages nombreux, parfois forts durant la première moitié de la semaine
- La fiabilité des prévisions numériques
- De nouveaux orages et une descente subpolaire sur l'Europe centrale
- Un thalweg menaçant à proximité de la péninsule ibérique.
> Situation générale et évolutions :
- des échanges méridiens autour d'une bulle douce et humide
- un contexte de plus en plus océanique
- un point sur l'humidité des sols et des sous-sols
> Prévisions pour la semaine du 19 au 25 mai 2025 :
- des orages forts à potentiellement violents
- des températures en nette baisse, des perturbations océaniques, du Mistral
Retour sur la semaine du 12 au 18 mai 2025
Lundi :
En seconde partie de nuit, des orages éclosent sur les littoraux de PACA, quelques uns sont présents sur le sud de la Bretagne. Le matin, des orages éclatent encore sur les façades occidentales de la Corse et de la Sardaigne avant de s'évanouïr au large de Calvi et de l'Île Rousse. Après quelques heures calmes, les orages reprennent cette fois du Pays de Galles à la totalité de la botte italienne via le Pas-de-Calais et la Lorraine. Des orages grondent également sur l'est du Massif central et le Mercantour. En soirée, d'autres orages se manifestent en région parisienne.
Une dépression est située sur le golfe de Gascogne, une occlusion s'enroule par l'est sous laquelle de nombreux de ces orages naissent. Du golfe du Lion remonte de l'air doux et humide le long de la vallée du Rhône apportant une partie du carburant nécessaire. De plus, du sud-ouest de la Bretagne au Massif central, une petite anomalie négative de tropopause apporte un forçage supplémentaire.
La CAPE est de l'ordre de 500 à 1000 J/kg, le cisaillement est relativement important à l'étage moyen, le lapse rate s'établit entre 0.9 et 1.1°C/100m en basses couches (adiabatique sèche). Les points de rosée à 2m sont supérieures de 2 à 3°C près des frontières du nord et du nord-est que sur le reste de la moitié nord. La PWAT est de plus ou moins 15 mm.
Ci-dessus, la carte de gauche montre la prévision à court terme des quantités de précipitations en 24h. Les plages de couleurs montrent les prévisions du modèle numérique IFS, les cercles représentent les cumuls observés.
À droite sont les probabilités d'orages par le même modèle à différentes échéances à moyens et courts termes.
Mardi :
Des averses se forment puis des orages dans l'après-midi, d'abord sur PACA avant de se multiplier sur l'ensemble du pays. La station de Pontourson (MF, 50) a mesuré 27,5 mm, notamment lors d'un orage en fin d'après-midi, celle de Brest-Guipavas (MF, 29) 29,8 mm. Ou encore 27.6 mm à Guéret (MF, 23), 20,2 mm à Morteau (StatIC, 25), 19 mm à Belgentier (StatIC, 83).
La fraîcheur est encore de mise le matin sur une bande centrale, de la Normandie au sud du Massif central. L'après-midi, le seuil de chaleur (>= 25°C) est localement dépassé, au sud comme au nord.
L'étirement des bandes nuageuses et la direction des panaches des cumulonimbus indiquent l'écoulement de l'air et offre la visulation des centres synoptiques, notamment le centre des bas géopotentiels, entre sud Irlande et Galice, au large de la Bretagne. Le thalweg pongeant sur le Maroc est identifiable.
En première ligne, un récapitulatif de quelques déterministes (IFS, UKMO, ICON, ARPEGE, JMA, GFS) pour des échéances MT (72 à 120 heures) par rapport à l'analyse numérique d'IFS de ce 13 mai 12h TU (en haut à gauche).
Par exemple, le modèle britannique était structurellement similaire à H120 à l'analyse, contrairement à ICON. Inversement, à H96, ICON a simulé la bonne option tandis que l'Anglais s'en est temporairement éloigné.
En-dessous, la prévision à plus long terme d'après les clusters de l'ensemble IFS qui peut comparer à l'analyse ci-dessus. À J7 (carte de gauche, colonne de droite), les grandes structures synoptiques sont présentes dans chaque groupe mais avec des nuances d'importance. Le cluster 1, avec 22 membres sur 51 (~ 40%), est le plus proche.
À J10 (carte de droite, colonne de droite), la simulation est éloignée dans chaque groupe. Même le groupe 1, avec un peu plus de la moitié des membres, qui contient les ingrédients finaux, n'aurait pas permis de dégager la structure synoptique observée.
Mercredi :
Par rapport à l'image satellite de la veille prise à la même heure, deux changements apparaissent : les orages sont nettement moins nombreux sur la moitié nord, localisés et les cumulus, en jaune, ne se développent pas ; les directions des panaches des Cb est essentiellement méridien (S > N), sinon SW > NE en Méditerranée et sur PACA. On peut aussi noter l'arrêt de la convection profonde sur l'ouest de la péninsule ibérique.
On en déduit une évolution dans la configuration synoptique. Le redressement du courant S > N montre un rapprochement du centre des BG mais aussi un rétrécissement de leur emprise : la courbure du courant est devenue anticyclonique sur un très large quart nord-est du pays, de même que sur la Suisse et le nord de l'Italie, les ascendances ne sont plus accompagnées (tendance au contraire à la subsidence). Ce rapprochement se traduit également par l'arrivée d'être plus frais subsident sur le Portugal et l'ouest de l'Espagne limitant la convection profonde.
De plus, l'orientation des arcs orageux en Méditerranée indique un décalage vers l'est du thalweg et de l'advection subtropicale en aval.
Enfin, sur le Danemark, la Pologne et le nord de l'Allemagne, l'avancée des nuages, surtout d'altitude vers l'ouest matérialise une advection froide.
Cette transition a été anticipée par les versions déterministes des modèles avec une bonne fiabilité à compter de J4, avec de nombreuses de pistes aux échéances supérieures.
Cette évolution synoptique se perçoit sur le temps observé. L'ensoleillement est nettement plus généreux que la veille (animations avec des valeurs seuillées à +10h de Soleil sur ces deux journéees).
De la grêle a été reportée, comme dans l'est du massif central ou en Provence. Dans les Bouches-du-Rhône vers le milieu d'après-midi, 13 personnes ont été impactées par la foudre au zoo de la Barben, l'une d'entre elles a été hospitalisée dans un état grave.
Jeudi :
Les orages n'ont concerné qu'une frange sud du pays : de la Gironde en milieu d'après-midi aux Pyrénées en fin d'après-midi en lien avec une advection humide océanique et sur l'extrême sud-est en début de soirée.
Des nuages bas, de type strato-cumulus, se sont étendus des côtes sud-est de l'Écosse à la Normandie.
Les températures s'élèvent par l'ouest et le sud par rapport à la veille.
Les étages de la descente froide s'illustrent sur l'image satellite (plus de détails sur le forum).
Un front froid peu mobile s'établissait sur l'ouest de la mer du Nord jusqu'à la Normandie. Une convergence de surface est présente dans un contexte humide, initiant une convection. En altitude, une langue d'air chaud oppose une résistance bien trop forte aux tentatives convectives, seule une large plage de strato-cumulus et de quelques cumulus mediocris a pu se développer.
La prévision déterministe à moyen terme a été fiable parmi les principaux modèles numériques. À plus long terme, les ensembles ont été hésitants. Exemple avec IFS pour J7 (à à gauche colonne de droite) et pour J10 (à droite, colonne de droite).
Vendredi :
Dans un courant de nord globalement anticyclonique, la journée fut ensoleillée. Des averses ont pu se former sur le sud de la Nouvelle-Aquitaine et parvenir jusqu'à l'orage en PACA, plus proche de l'axe de l'advection froide avec une courbure davantage cyclonique. Les cumulus gagnent l'Alsace et la Lorraine.
Les minimales (seuillées sous les 5°C ci-après) ont baissé tandis que les maximales, sous le soleil, ont gardé la douceur.
En Méditerranée, les orages s'éloignent. Quelques uns pariviennent à éclore sur la Corse et la Sardaigne, le Latium et la Campanie, la Calabre et les Pouilles. La masse orageuse s'expatrie sur les Balkans, la mer ionienne et atteint la Grèce. Visibles aussi sur le nord-est algérien et la Tunisie, ceux-ci matérialisent l'avancée vers le sud des anomalies négatives de tropopause présentent la veille sur la France.
La prévision des zones orageuses cibles s'est rapidement fixée selon IFS, comme illustrée par cette dernière ligne de cartes.
Samedi :
Les orages ont quitté le pays, un ou deux coups de tonnerre ont retenti localement dans les Alpes du sud.
En marge de la descente froide sur l'Europe centrale, les cumulus se gonflent modérément sur la façade est grâce à l'humidité advectée dans un cet air relativement frais. De même qu'au nord de la Seine où un apport d'humidité depuis la mer du Nord dans un environnement un peu plus favorable permet leur développement en basses couches. Ailleurs, le Soleil domine sans partage dans un air subsident.
La fraîcheur est encore forte au petit matin. -0,9°C sont mesurés à Saint-Angel (StatIC, 19, 662 m), -0,4°C à Brassy (StatIC, 58, 412 m), 1°C à Plan d'Aups La Sainte Baume (StatIC, 83, 669 m), 2,3°C à Louargat (StatIC, 22, 192m), 3,6°C à Colmar-Meyenheim (MF, 68, 207m). Les maximales ont baissé sur le nord et ont augmenté sur la moitié sud.
Dimanche :
Excepté sur les Hauts de France où les nuages ont été plus tenances, le ciel a été dégagé.
Les minimales sont encore fraîches, voire froides. Comme hier, la station de Brassy relève une gelée à -1,7°C
Situation générale et évolutions :
Advections positives (négative) de vorticité en rouge (bleu), advections positives de température en jaune, selon l'analyse numérique de GFS 12z (H0).
Un anticyclone surmonté de hauts géopotentiels sont centrés sur l'Islande. Il déploie une dorsale vers l'Irlande. Une dorsale se repère en Mediterranée occidentale. Les deux forment un col du golfe de Gascogne à la mer Celtique.
Un complexe dépressionnaire se positionne sur l'ouest de l'tlantique. Il s'étend en direction du portugal par un thalweg isolant une bulle froide.
Des anomalies négatives de tropopause s'aperçoivent au sud-ouest du Portugal, entre Écosse et Norvège, au sud-est du Groenland, sur la Pologne continuant plus à l'ouest.
Le courant Jet accélère autour de ces anomalies, sur l'ouest de l'Atlantique, près du Portugal, de la moitié nord de la France à la mer Ionienne.
L'humidité est fortement présente des Açores à la Méditerranée, des Canaries au Groenland.
Les advections de vorticité et de températures au sud-est du complexe dépressionnaire tendent à isoler davantage le thalweg en maintenant une trajectoire circulaire (vent selon les isohypses du Z500 auquel s'ajoutent les advections - de vorticité/température vers les advections + vorticité/température). Le thalweg, pour les mêmes raisons, prendrait une direction nord de l'Espagne - sud de la France.
Là aussi, accompagnant l'advection froide sur le flanc est de l'anticyclone, le fond de thalweg sur l'est de l'Écosse prendrait quant à lui une trajectoire vers l'Irlande.
En conséquence, le thalweg sud viendra lundi sur le nord de l'Espagne poursuivant vers le sud de la France. Le vent en altitude s'orienterait au sud sur Lion alors qu'en surface, l'approche du thalweg, notamment grâce aux ascendances générées en aval, devrait permettre un creusement sur ce même golfe. Les perssions seraient dépressionnaire sur le pays. Les conditions se dégraderaient sur le sud de la France.
Le thalweg nord se situerait vers Irlande et pourrait influencer le nord de la France.
Le complexe de préssionnaire sur l'ouest de l'Atlantique continuerait sa trajectoire circulaire sans nous concerner directement.
Les simulations déterministes entre IFS (en rouge) et GFS (en bleu) sont cohérentes jusqu'à vendredi inclus. Des différences sous-synoptiques apparaissent pour le week-end.
Après le passage du thalweg sud, le thalweg nord prendrait une trajectoire plus méridionale. Un courant de NW piloterait le temps en France avant un week-end peut-être de transition, plus océanique.
Les sols superficiels sont essentiellement secs en plaine, excepté en Bretagne, le sud de la Nouvelle-Aquitaine en raison des précipitations récentes.
La douceur et les précipitations aléatoires en terme d'étendues ont plutôt asséchées cette couche sur l'ouest et le sud tandis qu'une grande partie de la moitié nord n'a pas connu d'évolutions significatives sur cette semaine, sinon s'est davantage asséchée.
Ci-dessus, les analyses du modèle IFS prises en compte pour les simulations des prévisions. À gauche, au départ de la semaine, à gauche, pour ce jour, dans la couche la plus superficielle, variant fortement en fonction des précipitations.
En-dessous de « PWP », point de flétrissement, la survie des plantes est considérée comme engagée. « CAP » est la capacité au champ et correspond à la quantité d'eau restante après écoulement horizontal et vertical. « SAT », saturation, peut entraîner l'asphyxie. Ces cartes sont à prendre avec relativité mais fournissent une idée générale.
L'impact des orages de lundi et nuit suivante sur le sud-ouest est palpable. En fin de semaine, le surplus s'est écoulé (sous-sols, cours d'eau) et évaporé. On constate néanmoins une meilleure redistribution sur le nord-ouest, signe que des pluies y sont prévues. Le nord-est reste malheureusement à l'écart.
Avec l'essor de la végétation et l'irrigation, cette eau de surface a une capacité de plus en plus faible à rejoindre les nappes phréatiques.
https://www.brgm.fr/fr/actualite/communique-presse/nappes-eau-souterraine-au-1er-mai-2025
Prévisions pour la seaine du 19 au 25 mai 2025
Lundi :
Les points de rosée à 2m ce dimanche soir sont bien établis sur le sud-ouest et bien simulés par AROME, de manière excessive par HARMONIE-AROME (versions danoise et néerlandaise) et les deux modèles de l'entreprise suisse Kachelman. En extrapolant le domaine d'ICON-D2, cela semble aussi être le cas. Si les conditions favorables à la convection profonde s'accentuent demain, le contexte humide de surface apporterait un soutien nécessaire.
Les différentes imageries satellites montrent une hausse nette de l'activité convective sur le nord-ouest de la péninsule ibérique.
Averses et localement orageuses s'invitent dès la fin de nuit sur l'Aquitaine. Elles s'étendent vers l'ouest du Massif central en matinée. Le long des Cantabriques, l'activité convective s'accroît et le centre dépressionnaire de surface s'approche de la Gironde. L'activité orageuse est en forte hausse sur l'ensemble de la Nouvelle-Aquitaine dès la mi-journée, elle s'étend ensuite rapidement vers le sud du Centre, l'Auvergne puis la Bourgogne et la Franche-Comté. De puissants systèmes orageux sont à craindre durant l'après-midi et la soirée sur le sud-ouest en incluant le Massif central, avec de fortes rafales, de fortes intensités pluvieuses et de possibles chutes de grêle. Ces orages faibliraient en cours de nuit en gagnant le reste du Centre, la Bourgogne, Rhône-Alpes.
Des orages peuvent éclater sur les Alpes. Quelques pluies orographiques pourraient débuter sur les Cévennes. Le Marin se lèvera temporairement en Méditerranée.
Mardi :
Dans la nuit et matinée, averses et orages faiblissent sur le sud-ouest. En revanche, l'activité orageuse se manifeste avec de fortes intensités sur le Languedoc et la Provence, à la faveur d'une convergence des vents de surface balayant ces régions d'ouest en est. Des chutes de grêles peuvent être anticipées.
L'après-midi, l'activité orageuse reprendrait du Massif central aux Pyrénées mais avec probablement moins de force que la veille. L'Aquitaine ne serait pas ou marginalement concernée.
Des averses et orages écloreraient en Corse.
Ce serait au tour de l'Italie d'être touchée.
Les températures marqueraient le pas. Les 25°C ne seraient atteints que le long de la Loire et en Île de France peut-être.
Mercredi :
La nuit serait calme, peut-être quelques averses résiduelles seront observées près des frontières suisses.
Une perturbation océanique aborderait les côtes de la Manche en matinée avant de s'enfoncer sur la moitié nord en cours de journée.
À la faveur d'un vent d'ouest modéré, les températures franchiraient les 25°C en basses vallée du Rhône et les rivages de la Grande bleue. Aileurs, elles accuseraient une baisse sensible : les 20°C peineraient à être franchis sous un vent de nord à nord-ouest faible à modéré.
Jeudi :
Les pluies de la veille gagnerait une large moitié sud, laissant peut-être encore quelques pluies près des Vosges et du Jura.
Le vent du nord demeurerait, maintenant les températures un niveau bas pour la saison. Le Mistral soufflerait fort.
Vendredi :
Le ciel serait moins perturbé bien que des averses ne soient pas exclus surtout sur les régions proches des versants nord des massifs (l'écoulement serait de NW océanique).
Le Mistral se maintiendrait, les températures évolueraient à la hausse par l'ouest.
Samedi & dimanche :
Une nouvelle perturbation se présenterait par le nord-ouest samedi, poursuivant sa course dans le pays ensuite. Le déficit des températures subsisterait. Le vent mollirait en Méditerranée.