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j'entends encore l'appel de la montagne, sa brute sauvagerie, son lumineux silence, son inhumaine réalité. Avec l'année qui débute, ce sont autant d'expériences majeures qui s'annoncent, de déroutes esthétiques, d'orages et de tempêtes, de brumes déchiquetées sur les pentes de l'Escurets (à droite)et de ruisseaux rageurs courant vers l'océan voisin.
C'est en poète qu'il nous faut affronter ce temps qui passe et nous propulse vers les contrées vierges de l'étrangeté qui sommeille en nous. C'est en météorophile qu'il faut vivre sa vie pour sentir combien nous sommes des êtres atmosphériques, tendus entre les quatre éléments de la réalité : l'air, l'eau, la terre, le feu. La montagne concentre et accélère la dynamique des éléments, la rend plus sensible, plus tangible. Quelque chose d'habituellement inaperçu se réveille lorsque le marcheur traverse les espaces inhabités de la crête de la Sède, une inaudible impression qui nous relie à ce ciel vagabond et à ces forêts du grand sud tout en nous en séparant.
Dans l'orage qui stimule l'esprit et le conduit à des exaltations hautes, nous sentons avec une pointe d'amertume combien sa vitalité est éphémère, combien sa puissance finira par s'estomper, combien l'épuisement décompose inéluctablement les êtres impermanents que nous sommes.
C'est en ami qu'il convient de fraterniser avec les nébulons nomades et voyageurs, avec les forces de la nature. C'est en ami qu'il convient d'accueillir et de laisser vibrer ce qui résonne en soi lorsque le tonnerre gronde et que l'éclair se déchaîne sur les cimes fumantes du Montagnon (à gauche).
Puisse cette année nous hisser vers des expériences neuves et nous amener à des congruences bienheureuses et jubilatoires.
Portez-vous bien.