Il est 14h00, je traverse des espaces magnifiques en direction du col et du Pic du Canaourouye que je connais bien (le sommet sur l'image avec sa crête). Je progresse lentement tant la neige est poudreuse, immaculée et tendre. je m'enfonce malgré les raquettes. L'effort est intense mais il fait bon.
Vers 14h20 j'aperçois trois skieurs au sommet. Je me dirige vers eux en grimpant peu à peu. Tout à coup, alors que deux d'entre eux commencent à descendre vers le col (à droite), le troisième prend directement pleine pente face à moi. Je le vois puis il disparaît derrière un ressaut que je dois surmonter ; seule la crête m'apparaît. En m'élevant, d'environ 50 m, je constate qu'une énorme plaque s'est détachée. J'accélère le pas et parviens sous le sommet. Les deux skieurs s'agitent dans tous les sens. Leur ami vient d'être enseveli sous l'avalanche. Je les rejoins en courant et nous essayons pendant plus d'une heure d'extraire le malheureux mais la place est immense et des tonnes de neige roulée, accumulée ont ravagé l'espace. Nous manquons d'équipements spécialisés. Les secours n'arrivent toujours pas ! Les deux hommes, espagnols tentent à nouveau d'appeler avec leur portable. La situation devient critique ! Nous plongeons les batons dans la neige désespérément, encore et encore, nous ne sentons rien ! Il faut continuer, essayer encore !
Bien plus bas, d'autres randonneurs évoluent dans le cirque. Je décide de courir vers eux aussi vite qu'il est possible pour chercher des secours. Pas de réseau ! Ils descendent pour alerter et je commence à remonter vers les camarades espagnols. Soudain, tonitruant, l'hélicoptère de la garde civile arrive sur les lieux, décharge hommes, chiens et matériels. Après une plus d'une heure de recherche supplémentaire, ils retrouvent l'homme, décédé sous un mètre cinquante de neige ! Il avait 36 ans !