FORTE HOULE, MAREES HAUTES ET MAUVAIS TEMPS = VIGILANCE GENERALISEE POUR CRUES ET SUBMERSIONS MARINES, L'ILE DE SEIN SUBMERGEE

Sur cette carte de situation générale à 700 HPA, on voit nettement que l'Europe occidentale et la France en particulier sont en ligne de mire du rail atlantique quasi rectiligne qui s'étend depuis la côte Est des Etats Unis jusqu'à butter sur les hautes pressions centrées sur l'Europe centrale. Sur ce front polaire, naissent plusieurs dépressions qui se dirigent vers l'Irlande et les îles britanniques. Les perturbations associées traversent notre pays d'ouest en est, accompagnée de vent et d'une bonne houle sur le littoral atlantique.

Le puissant anticyclone "CAN" est toujours centré sur la Russie par 1055 HPA. Sur le front polaire, est née il y a quelques jours la dépression "NADJA". Contrariée dans son déplacement par ces hautes pressions européenne, elle prend une composante nord est en approchant du vieux continent. On la retrouve cette nuit centrée par 945 HPA au large de l'Irlande. Cette circulation de plusieurs minimum sur ce front polaire et le niveau extrêmement faible des pressions favorisent la génèse d'une longue et puissante houle sur l'océan qui vient s'écraser sur nos côtes atlantiques, en pleine période de forts coefficients de marée.

En cette mi journée, la France est en plein conflit de masse d'air. A l'avant de la perturbation, de l'air plutot doux remonte d'Andalousie jusqu'aux portes de la Scandinavie. A l'arrière, l'air froid pointe à -34°  à 3000 m d'altitude sur la pointe bretonne et s'étend jusqu'à la Corogne.

Sur cette image satellite datée de la fin d'après midi, un long cortège nuageux s'étire depuis l'enroulement dépressionnaire de "NADJA" jusqu'à l'Algérie. A l'arrière, l'amélioration est franche, signe de l'intrusion de l'air plus froid dans lequel un temps instable se met en place.

Après avoir arrosé les régions de l'ouest cette nuit  t ce matin, le front froid très compact arrose dans l'après midi les régions allant des Pyrénées au Nord Est. Des pluies modérées sont signalées sur Biarritz (64), La Teste de Buche (33), Montauban (82), Naintré (86), Tours (37), Plaisir (78), Roissy (95).... On relève 21 mm en 6 heures à Mouilleron le Captif et Saint Michel Mont Mercure (85) et 57 mm à Quimperlé (29) en 24 heures. Rapidement, l'intrusion de l'air frais se manifeste par de l'instabilité, caractérisée par des averses de grêle observées dès la fin de matinée sur Mouilleron le Captif (85), Tréogat et la Pointe du Raz (29); Avreses de grésil sur Nonaville (16) et Coulounieix-Chamiers (24).

Un peu plus tard, en abordant les reliefs, ces précipitations donnent de la neige à partir de 900 m sur le Massif Central, 600 m sur le Jura et les Vosges. La couche atteint 15 cm à Aumont-Aubrac (48) et 27 cm à La Renaudie (63).

En milieu de nuit, le passage de la dépression près de l'Irlande avec un fort creusement génère un resserement des isobares sur le nord ouest du pays.

La forte houle qui a parcouru des milliers de kilomètres sur l'Atlantique arrive sur nos côtes au moment où les vents issus du resserement isobariques sont soutenus, et au moment des pleines mers avec un coefficient de 114. La conjonction de ces éléments entraine une élévation du niveau des mers qui contrarie l'écoulement naturels des fleuves.

Les vagues se déchainent sur la jetée de Fécamp tandis qu'à Bordeaux, la Garonne envahit les quais

Compte tenu des pluies soutenues au passage du front sur des sols saturés, du mauvais écoulement des fleuves, et de la forte houle, Météo France avait placé dès hier soir onze départements en vigilance orange - Pyrénées-Atlantiques, Landes, Gironde, Charente-Maritime, Loire-Atlantique, Vendée, Morbihan, Côtes-d'Armor, Ile-et-Vilaine et Manche pour "vagues submersion" parmi lesquels cinq étaient également concernés par des risques de crues (Charente-Maritime, Gironde, Landes, Pyrénées-Atlantiques). Le Finistère, département le plus exposé à l'ensemble de ces facteurs était lui placé en vigilance Rouge !

A Bordeaux, le pic de crue de la Garonne était attendu samedi matin à 8h30 à 7,05 m, un seuil qui n'avait pas été atteint depuis quinze ans. La ville de Bayonne, elle aussi très exposée du fait de sa situation géographique, aux confluents de la rivière Nive et de l'Adour s'attendait également à sa plus grosse crue depuis 1981.

En soirée, la limite pluie neige s'abaisse nettement. La neige remplace la pluie sur le massif central jusque vers 500 à 600 m d'altitude, elle se mêle à la pluie sur les plaines de l'ouest comme à Brive (19) ou à Genac (16).

L'hiver signe son retour sur Le Kastelberg (67) et à Mandailles (15)

Côté températures, avec l'intrusion de l'air frais postérieur au front froid, les minimales se produisent en journée sur l'ouest du pays. Elles se situent autour des 4 à 6° sur la majeure partie du territoire, mais sur l'Est du pays où la nuit a été claire, les gelées sont assez marquées, jusqu'à -0.4° à l'Isle sur la Sorgue (84), -2.2° à Digne les Bains (04), -8.5° à La Beaume (05) et -15.5° à Bessans (73).

Quant aux maximales, relativement uniformes, elles s'échelonnaient de 7 à 12° avec 7.1° à Saint Dizier (52), 11.4° à Sénebret (56), 10.2° aux Ormes (86), 4.2° à Maisonnisses (23), 7.4° à Saint Marcellin (38), 7.7° à Embrun (05); Les plus douces étant réservées à la côte orientale de la Corse avec 15.2° à Bastia (2B).

Ce soir, la situation sur la pointe bretonne est hors du commun. Rien à voir avec une mer de tempête classique.

La houle formée de très loin attaque les côtes bretonne avec une puissance inouïe. Les vagues ont atteint à 19h une hauteur de 14m20 à la bouée des Pierres Noires. Elles enveloppent les phares de la Jument et de la Vieille de toutes leurs hauteurs.

A Douarnenez, le complexe de thalassothérapie, assailli par des vagues de 7 mètres, a été envahi par le sable et l’eau de mer, ses baies vitrées ayant cédé sous la force des paquets de mer. A Roscoff (Finistère), où des vagues géantes ont fait voler en éclat des baies vitrées d’une clinique et de trois hôtels, des algues et des galets jonchaient encore dimanche après-midi les rues autour de l’église, à une cinquantaine de mètres du front de mer. A Plouescat, «c’est du jamais vu de mémoire d’ancien de 80 ans». La «houle phénoménale» a projeté des cailloux sur les routes et fait reculer la dune de trois mètres. Le propriétaire d’une maison sur la côte, au portail fracassé, dégageait dimanche sa cave, envahie selon lui «de 90 m3 d’eau, de sable et d’algues». Du bitume a aussi été arraché par la mer devant le centre nautique.

Elles traversent l'île de Sein de part en part puisqu'au niveau de l'église (point le plus haut de l'île à 9m d'altitude), du goémon a été retrouvé.

Les locaux de la Pen Ar Bed qui assure la liaison des îles d'Iroise avec le continent est dévasté par des vagues gigantesques !

Même scènes sur la pointe de Penmarc'h

Plus au sud, si les vagues n'atteignent pas la même ampleur, elles n'en restent pas moins impressionnantes à Biarritz

Et l'Espagne n'a rien à envier au littoral français avec des vagues gigantesques qui frappent Santander