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Nous basculons inexorablement dans l'hiver. La couverture flamboyante de l'automne laisse peu à peu place aux tonalités grises qui signent le repli du végétal dans l'oubli et le sommeil figé de la Terre. C'est là la grande sagesse de ces vivants qui abandonnent l'agitation de la surface aux nomades excentriques que nous sommes, nous les humains affairés et sans gîte.
L'arbre, dans sa vertu millénaire, est un modèle d'éco-philie. Il s'enracine dans la Terre-Amie sans la détruire ni la haïr. Ouvert sur le ciel aérien l'été, il s'endort, se régénère dans l'humus recouvert de feuilles.
Comment ne pas songer à ralentir notre frénésie, notre activisme délétère ? Comment ne pas sentir dans cette langueur végétale la temporalité qui convient aux êtres sensés ? Les choses ne se font-elles pas d'elles-mêmes, "nature naturante, nature naturée", pour parler comme Spinoza ?
La saison ne vient pas quand je veux, elle vient quand elle le veut, à un rythme si imperceptible que toutes les transformations qui font la beauté de ces paysages ouverts sur les cimes pyrénéennes demeurent silencieuses et sans raison.
Vue du pic de L'Estibète (à gauche) aux Gabizos à droite avec au centre le massif du Grand Barbat (2813 m) et les coteaux béarnais au premier plan.