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2ème supercellule chassée de la soirée, cette fois-ci LP à l'heure crépusculaire.
Voilà 1 semaine que je prépare cette chasse méthodiquement car tous les paramètres météos étaient au rouge. 3000 de CAPE, forçage d'altitude conséquents, cisaillement, SRH. Tous les ingrédients étaient réunis pour avoir des orages violents, mais ce fut encore plus fort que ce que j'avais imaginé. Reste à bien se placer dès le départ et les modèles ont fait le yoyo entre des orages venant du Sud-Ouest et des orages se formant sur le val de Loire. J'ai décidé de prendre l'option du milieu et celle qui avait le scénario le plus probable, en me plaçant dans la Vienne. Un paramètre restait cependant incertain, la couche de sable du sahara et en effet en partant le ciel est d'un jaune laiteux peu engageant.
Mais arrivé en Vienne vers 18h, le soleil revient. Rapidement au Sud-Ouest une cellule se forme et j'aperçois en contre-jour déjà son enclume. Je suis pile dans son axe et elle devrait me tangenter. Cependant, celle-ci commence à se diviser (split) et commence à dévier de son flux. Je vais être trop dans la partie stratiforme de la pluie si je reste sur place. Je décide donc de partir plus à l'Est. Arrivé à mon nouveau spot, il n'y a plus de doute ni au radar ni par rapport à ce que j'aperçois. Il s'agit d'une supercellule. Au loin j'aperçois une jupe en formation, signe de la constitution possible d'un nuage-mur. Au-dessus de moi l'enclume est parsemée de gros mamas jouflus.
Cependant je suis bien trop au Nord pour apercevoir sa partie intéressante. Je dois me repositionner si je veux en profiter au maximum. Par chance, elle se déplace lentement. En revanche je dois traverser toute la ville de Poitiers et possiblement je vais devoir la traverser en core punching, sachant que le risque de grosse grêle est très élevé dessous (j'aurais la confirmation de cela plus tard). Plus je me rapproche, plus cela devient intéressant mais je ne peux m'arrêter, j'essaye de filmer tant bien que mal les formes que je vois en conduisant. Un gros nuage-mur est clairement constitué. La supercellule est massive et probablement HP. Je subis un bref épisode de grêle sur le périph, mais parviens à passer entre les gouttes inextremis. Je passerai pile au moment ou un nouvel echo en crochet se constituera. Une fois arrivé au Sud de Poitiers, déjà elle a commencé à traverser la ville. Je n'ai pas le temps d'aller au spot désiré, trop loin et m'arrête dans un champ à l'arrache.
Pendant 15-20mn je suis juste à son bord et aperçois le nuage-mur puis le RFD qui s'éloigne de moi en abordant l'Est de la Vienne. Les formes sont turbulentes, on se croirait aux USA. Je me demande même à certains moments si une tornade ne va pas se former ou même s'il n'y en aurait pas une cachée dans les précipitations. Je suis aux anges et parfaitement placé. C'est du grand spectacle, comme si j'étais dans la tornado alley. Je filme et photographie à tout va.
Alors que la supercellule s'éloigne de moi vers l'Est de Poitiers, un dilemme me prend. Soit je la poursuis dans un secteur que je connais peu mais que je sais difficile, soit je reviens en direction de l'Anjou, par chez moi, où de nouvelles supercellules semblent se former au radar (split + déviations prononcées). Alors que la foudre est visible à l'arrière de la supercellule de Poitiers je décide de la quitter malgré tout pour me concentrer notamment sur une probable supercellule que je peux intercepter vers Loudun dans le Nord Vienne si je me dépêche.
Alors que la nuit commence à tomber, arrivé 1h après au Sud de Loudun (86), ma route croise donc cette nouvelle supercellule, beaucoup plus petite et cette fois-ci LP. Elle est magnifique. En revanche je ne peux pas en profiter longtemps, alors qu'elle se rapproche de moi, elle commence à se dissiper et l'activité électrique disparait, ce qui rend donc son observation nocturne difficile, car comme souvent avec les LP, même sans activité électrique, elle reste esthétique.
Petite pause pour manger, mais très courte, je constate que de nouveaux orages se forment vers Cholet. Je décide donc de partir à leur rencontre. Et plus je me rapproche, plus de nouveaux je constate une déviation vers la droite. Arrivé sur la vallée du Layon, je constate de plus, que l'orage gagne en puissance et l'empilement d'assiette visible sur la colonne d'alimentation désaxé, visible pendant les flashs, ne laisse que peu de doute : de nouveaux, il s'agit d'une supercellule. L'orage dévie tellement que je dois rebrousser chemin si je veux être bien placé. Je reviens donc vers Montreuil-Belay (49) et la supercellule me tangente. Peu de foudre comme fréquemment avec ces orages, mais une illumination magnifique de sa structure supercellulaire. Ni HP, ni LP, mais classique cette fois-ci. Je tente de la suivre quelques temps et me replace vers Doué-la-Fontaine pour être au plus proche de l'écho en crochet. Puis je la laisse partir.
De nouveaux orages se forment à l'Ouest, encore. Je me dis que peut-être j'aurai le droit à une nouvelle supercellule et comme c'est sur le chemin du retour, je décide de les intercepter vers St Georges de la Garde. Cependant le potentiel commence à décliner et cette fois-ci les orages sont bien moins intéressants et structurés. Je n'ai pas eu beaucoup de foudre nocturne jusque-là donc je tente ma chance. Sans grand succès cette fois. De nouveaux orages se forment encore derrière. Direction donc Cholet mais je commence à fatiguer. Il est 3h du matin. Je chasse non-stop depuis 18h et chaque nouvel orage semble plus flotteux et moins intéressant que le précédent maintenant. A 4h du matin, je décide de rentrer. Je ne suis plus qu'à 30mn de mon domicile heureusement, ma chasse nocturne m'ayant rapproché de chez moi. En revanche, je suis censé me lever à 6h30 pour aller travailler. La journée va être difficile, mais ça valait clairement le coup.
Résultat des courses, des orages pendant 11h d'affilée, dont 3 supercellules, 400 photos, plusieurs heures de vidéos. Probablement une de mes meilleures chasses au même titre que le 9 juin 2014 dans la Beauce, mais cette fois-ci dans ma propre région.