• Date d'envoile 19/06/23, 11h20

Les modèles prévoient une grande dégradation orageuse partant de l'Atlantique en fin de matinée et progressant ensuite entre la Normandie et le Bassin Parisien en gagnant en intensité dans l'après-midi. Je décide de partir de l'anjou où le temps est gris et maussade pour aller me placer vers la Beauce pour intercépter une possible violente ligne orageuse.

Au départ j'avais hésité pour aller plutôt du coté de Bourges-Issoudun où les orages plus disparates pourraient être violents et durer jusqu'en début de nuit, mais la route est plus longue et je ne veux pas rentrer trop tard car le lendemain je travaille. J'avais aussi hésité à me placer du coté de Loches en touraine en profitant de ma chasse nocturne du jour précédent vers Poitiers et dormir sur place, histoire de raccourcir les temps de trajet. J'ai privilégié le confort du lit en rentrant chez moi, quitte à refaire de la route et moins dormir. En parlant avec quelques autres chasseurs, l'option Normande semble aussi intéressante car les modèles y voient aussi pas mal d'hélicité. Finalement la Beauce est un bon compromis entre toutes ces zones, même si je crains que la chasse soit courte. On verra bien.

En arrivant sur Angers le ciel est chargé, menaçant, l'ambiance est lourde avec seulement 20°C et au radar les orages atlantiques commencent à atteindre le littoral en se prolongeant jusqu'en basse normandie, où ils semblent déjà bien actifs, mais un peu noyé par manque d'énergie. Il est à peine midi.

Arrivé au Mans, changement d'ambiance, le soleil revient et les températures grimpent, déjà 27°C. Des congestus se forment sur la ligne de transition, témoignant de l'instabilité sur le bord d'attaque du front orageux. Je poursuis à mi-chemin entre Chartres et Orléans où les plaines de Beauce sans haies sont propices aux chasseurs d'orages. Les spots ne manquent pas. Je choisis un petit coin tranquille. Il fait 30°C avec un grand soleil en ce début d'après-midi, mais un vent fort de sud rend cela agréable. Au loin vers l'Ouest le ciel est laiteux témoignant de la ligne orageuse qui commence à aborder l'Est des Pays-de-Loire.

Le radar indique que les orages en Normandie, dans la partie Nord de la ligne sont violents. On apprendra plus tard qu'une tornade supercellulaire s'y est formée. Parallèlement un split vers Bourges ne laisse que peu de doute de la présence d'une supercellule. Tout ceci est conforme aux prévisions. J'espère que mon chois de me placer au milieu de tout ça ne sera pas le mauvais choix. La ligne orageuse progresse lentement et n'est pas hyper organisé, mais des noyaux plus actifs frappent certaines zones comme Le Mans d'où je viens. D'ici je ne vois pas grand chose, l'horizon reste laiteux. Les heures passent et cela ne semble pas évoluer favorablement, la ligne avance en crabe et ce qui me concerne devrait arriver de Tours-Blois-Vendôme, hors c'est justement la zone la moins active de la ligne orageuse.

Vers 16h des cellules disparates non orageuse viennent se greffer à la ligne orageuse depuis Tours, mais je me rends compte que c'est la Normandie au Nord du Mans qui est le plus actif. La ligne commence à être visible à l'horizon et n'est vraiment pas belle. Cela ressemble à un simple front en dégradé de gris sans structure.

16h30, la ligne orageuse est proche. L'activité électrique cachée et le ciel est horrible. C'est moche. Juste un dégradé de gris sans formes. Je commence à regretter mes choix.

17h. Alors que la ligne orageuse est à 20 km à peine de moi, j'aperçois dans le bas du dégradé de gris, à peine distinct, une toute première forme qui sort du lot. C'est très peu visible et très localisé. Oui ça ressemble à une zone d'aspiration ascendante, à mi-chemin entre le nuage-mur et l'arcus.

17h10. La ligne orageuse est à 10km de moi et plus de doute, un arcus est en train de se former. Ce qui était localisé et à peine visible a commencé à se prolonger sur les cotés et devient un peu plus visible.

17h20. Ca évolue très vite. L'arcus gagne en intensité et maintenant se forme sur tout l'horizon. Une lumière bleuté s'en dégage.

17h30. Plus l'arcus se rapproche, plus il se développe et devient proéminent. Il est parfaitement visible, très contrasté et aucun doute, au radar ce qui était des cellules disparates semi-greffé, sont devenues une parfaite ligne de grain presque rectiligne, un QLCS. Parallèlement les précipitations ont gagné en intensité et un violent front de rafale, qui en est à l'origine, va probablement arriver.

17h40. L'arcus est presque sur moi, le vent se lève et les premières gouttes tombent, il est temps de dégager de mon chemin de terre si je ne veux pas être embourbé. Je pars me réfugier et laisse la violente ligne passer.

Une fois à l'arrière, je prend quelques photos pour essayer de capturer la foudre plus visible, mais je serais dérangé par le propriétaire du terrain qui se montre très insistant, très curieux et m'empêche finalement de bien capturer l'instant avec toutes ces questions. J'aurais répondu avec plaisir dans d'autres circonstances, mais le moment était vraiment mal choisi là. L'orage s'éloigne, le propriétaire s'en va et ma moisson de foudre prise au capteur est bien maigre.

La température à chuté de 15°C et le ciel envahi par une immense enclume qui couvre toute la région ne laisse que peu de doute sur l'absence d'orages à venir. Il est temps de rentrer. 3h de route, un plein d'essence et des péages toujours en augmentation, un arcus qui m'a couté bien cher quand même, mais je ne suis pas déçu, je me rends compte que j'ai eu vraiment de la chance. 10-20 km plus au sud-ouest et je n'aurais rien vu du tout. Même chose si j'avais choisi comme prévu au départ la région de Tours, Loches.

Ce même arcus de type QLCS-LEWP a ensuite continué sa route en traversant Paris jusqu'au nord et l'est de la France.