- Semaine 4 du 27 janvier au 2 février 2025 :
> Le BS 387
> Les pluies et orages du 30 janvier sur le sud-est
- Prévisions pour la semaine du 3 au 9 février :
> Situation générale
> Évolutions d'après l'observation et l'analyse numérique (0 > 72 h)
> Prévisions à 3 jours
> Évolutions ultérieures d'après les simulations numériques
> Prévisions au-delà de 3 jours
Semaine 4 du 27 janvier au 2 février
Les prévisions et les suivis de la semaine ont déjà été principalement réalisés sur le Bulletin Spécial n°387 « Tempêtes et fortes pluies » du 23 janvier au 2 février. Outre les vents parfois tempétueux, ce sont surtout les inondations causées par des pluies durables qui ont marqué la période.
Ce bulletin hebdomadaire n'y reviendra donc pas.
Le 30 janvier 2025 au petit matin, alors qu'Yvo abordait l'ouest de la chaîne pyrénéenne, le système frontal associé ralliait les côtes roussillonnaises par l'ouest. Un léger minimum de surface se localisait à l'autre extrémité de la chaîne, classiquement au sein du front froid. Le courant de surface s'établissait orienté au sud, apportant douceur et humidité par la mer.
Des pluies temporairement orageuses se sont abattues sur les régions méditerranéennes en remontant la vallée du Rhône jusqu'au Lac Léman. Des pluies sont aussi tombées sur les versants français des Pyrénées occidentales par courant de nord-ouest et orographie lors du déplacement d'Yvo vers cette région.
Sur l'imagerie vapeur d'eau à 12h TU, trois éléments se distinguent, d'est en ouest.
1 : un drain humide relativement large à l'avant du front froid avec des nuages plus massifs entre les côtes sardes, corses et provençales. L'imagerie satellite non montrée indique cette distinction.
2 : un drain humide étroit sous un ciel essentiellement clair des Baléares au golfe du Lion, bordé par des lignes sèches et situé en aval immédiat au front froid (flèche blanche).
3 : des évolutions convectives sur l'Espagne, à l'arrière du front.
On peut identifier plusieurs forçages aidant à la convection :
- une anomalie d'altitude / anomalie négative de tropopause évoluant sur le fond du golfe de Gascogne et l'arc atlantique (visible sur un domaine plus large) ;
- un soulèvement provoqué par l'approche du front froid ;
- les reliefs des Pyrénées, du Massif central, des Alpes et de la Corse ;
- deux advections d'air doux et humide ;
- des convergences de surface, l'une à l'ouest immédiat de la Corse, la seconde sur l'est du golfe du Lion.
Les conditions en surface illustrent aussi sur les terres ces drains humides, notamment sur le Gard et l'est de l'Hérault :
L'analyse numérique d'ARPEGE confirment ces éléments :
- vitesses verticales à 500 hPa (ascendances en rouge, subsidences en bleu) et hauteur de la tropopause (en dam, PVU = 1,5) ; magnitude du vent à 300 hPa (Jet) et divergences à 300 hPa (positive en rouge, négatives [= convergences] en vert) :
- la vorticité absolue et le vent à 500 hPa, permettant en outre de prévoir l'advection de vorticité ; l'humidité relative à 950 hPa (plages de couleurs) et à 500 hPa (lignes vertes), les vents à 950 hPa (en rouge) et à 500 hPa (en vert), évaluant là encore les advections :
- La MUCAPE, à 6h (analyse), 9h (forecast H3) et 12h (analyse) :
Le radiosondage de Nîmes 12h montre une CAPE légèrement plus faible qu'indiquée et un lapse rate moyen de 0.6°C / 100m entre 1.5 et 3 km.
La CAPE analysée numériquement s'établit entre 500 et 800 J/kg sur le golfe du Lion (ARPEGE et IFS).
Sur ce secteur, le cisaillement (vitesse et direction) est nul de la surface à 700 hPa, unidirectionnel (vitesse) de 700 à 400 hPa environ, faiblement tournant ensuite (sens horaire).
Le drain « 2 », étroit et canalisé, apporte de l'humidité sur le golfe où une convergence de surface avec le vent venant notamment de la vallée de l'Èbre. L'arrivée d'un pli de tropopause et son environnement divergent avec une advection de vorticité offrent une convection plus profonde. Ce cisaillement permet probablement une régénération des cellules avec poussée du panache dans l'axe tandis que la diffluence d'altitude étale faiblement le panache sur l'axe perpendiculaire.
Avec des forçages d'altitude plus lents, les orages auraient peut-être pu être quasi-stationnaire. Ces forçages sont observés se déplaçant sur un axe NW > SE, l'évolution orageuse devrait se décaler dans ce même sens durant quelques heures avant de s'affaiblir par la perte de l'alimentation humide de sud.
Dans un environnement plus humide (drain « 1 »), la convergence de surface issue des Bouches de Bonifacio associée à de la divergence en haute troposphère et un apport de vorticité est suffisante pour générer des orages au large de l'île de beauté. Le décalage des Pyrénées vers la Sicile du minimum d'altitude devrait orienter les panaches du sud vers le nord à de l'est vers l'ouest, selon l'orientation progressive du vent en moyenne troposphère.
De ce côté-ci, l'advection d'air plus frais en basses couches via le nord de l'Italie et le golfe de Gênes inhiberait la poursuite des orages en direction des côtes de l'est de la région PACA. Les pluies seraient davantage stratiformes (issues des panaches), localement convectives.
Ce qui donne finalement :
Prévisions de la semaine du 3 au 9 février :
Situation générale :
- Une masse d'air subtropicale sèche est installée sur l'Atlantique subtropicale et l'ouest de l'Afrique (plages très sombres sur l'imagerie vapeur d'eau [WV], vert sur celle « airmass »).
- Une masse d'air subtropicale humide est advectée vers l'Islande (tons clairs sur WV, couleurs bleu-vert sur airmass + ruban nuageux) : flèche rouge.
- Une masse d'air subpolaire humide est advectée vers l'Atlantique nord-ouest depuis la mer de Baffin et le Labrador (tons clairs en amont de l'anomalie de tropopause sur WV, couleurs violacées sur airmass en limite du limbe) : flèche bleue.
- Diverses anomalies négatives de tropopause (bandes sombres en WV, rouge vif en airmass) s'accompagnent de branches de Jet.
La pression réduite au niveau de la mer (noir), le Z500 (cyan) et la vorticité absolue (brun) proviennent de l'analyse de GFS à la même heure.
L'analyse numérique indique une puissante advection subtropicale sur l'épaisseur 1000-500 hPa sur l'Atlantique nord, pointant vers les côtes norvégiennes. Elle est associée à une advection de vorticité globalement positive (anticyclonique). L'imagerie WV informe également sur le fort contenu en eau de cette élévation subtropicale.
L'anomalie méridienne négative de tropopause de l'Islande à l'Irlande et au nord du cap Finisterre sur l'image WV est également traduite par l'advection positive de vorticité, en amont d'une diffluence (ralentissement du flux).
Évolutions d'après l'observation et l'analyse numérique (0 > 72 h) :
L'air chaud gagne vers la Norvège et plus généralement le nord-ouest de l'Europe. Les conditions anticycloniques s'imposeront sur l'Europe occidentale au moins pour ces 48 prochaines heures.
L'advection d'humidité océanique devrait rester loin du continent, les voiles nuageux seraient très peu présents.
En revanche, ces conditions atmosphériques d'hiver favorisent les phénomènes d'inversion thermique en très basses couches si bien qu'un froid radiatif (refroidissement du sol par émissions IR) est largement anticipable. Suivant les stratus ou brouillards inévitables et le brassage dans la couche limite, ce refroidissement sera plus ou moins important.
À partir de 48h environ, l'air subpolaire aura traversé l'Atlantique en direction du Royaume-Uni puis de la Scandinavie. Il est probable qu'un front froid atténué concerne la France, principalement sur son nord-ouest. Les conditions anticycloniques subsistent.
Prévisions à 3 jours :
Lundi et mardi :
En plaines, les gelées matinales seront quasi généralisées, localement fortes. Seules les bordures maritimes et océaniques seraient épargnées. L'après-midi, les températures remonteront, surtout au sud où l'air sera plus sec. Sur la moitié nord, brouillards et stratus feront vraisemblablement de la résistance, surtout avec l'humidité des sols et la lente décrue actuelle. Dans ce cas, le mercure seraient faiblement positif, voire très localement sous le zéro.
Les pluies seraient absentes.
Le vent continuerait à être faible ou calme. Avec un anticyclone sur le nord du pays, un vent de terre à peine sensible se maintiendrait sur le golfe du Lion.
Mercredi :
Une perturbation atténuée aborderait la Bretagne et le Cotentin. Peut-être apportera-t-elle quelques ondées, plus sûrement des nuages.
Évolutions ultérieures d'après les simulations numériques :
72 > ~108/120h : Une seconde advection subtropicale affecterait l'Atlantique, suivant le même axe que la précédente. Elle s'accompagnerait d'humidité. Toutefois, suivant la même logique que la précédente, elle devrait nous épargner. En conséquence, nous resterions sous des conditions largement anticycloniques.
~108/120 > 180h : L'air subtropical advecté en direction de la Scandinavie participerait à l'advection d'une masse d'air plus froide à vorticité cyclonique en direction de l'Europe occidentale.
Les conditions anticycloniques persisteraient en surface mais l'air froid cyclonique perdurerait en altitude.
Le bassin occidentale de la Méditerranée connaîtraient des conditions dépressionnaires plus ou moins marquées.
Prévisions au-delà de 3 jours :
Jeudi et vendredi :
Un temps calme régnera sur la majeure partie du pays.
Des nuages plus épais et des précipitations pourront arriver par l'Allemagne. Sur le sud-est, un risque se révèle d'un temps se dégradant progressivement de façon plus tranché, avec des pluies et de la neige à basses altitude. Il se peut aussi que Mistral et Tramontane soufflent modérément.
Les températures s'élèveraient de quelques degrés.
Le vent serait faible de NE dominant, peut-être un peu plus fort en Manche et en Méditerranée où les gradients de pression sont vus plus resserrés.
Samedi et dimanche :
Le temps est très incertain, la prévisibilité est mauvaise. La probabilité la plus haute est la poursuite d'un temps perturbé sur une partie sud-est du pays plus ou moins grande. Ailleurs, il est possible que des averses plus ou moins fortes s'organisent, plus particulièrement sur une moitié est ou nord-est.
Les gelées pourront être encore présentes, peut-être fortes sur certains secteurs déventées sous un ciel clair. Elles seront probablement plus élevées sur le sud-est.
Les valeurs de l'après-midi dépendront de l'ennuagement et des éventuelles précipitations.